L’audience de Guy Cloutier reportée
Rollande Parent
Presse Canadienne
Laval

Le courriel d'une personne mineure avançant avoir été agressée sexuellement par Guy Cloutier en 1974 et 1975 a fait déraper de façon magistrale, mercredi, l'audition de la demande de libération de l'ex-imprésario devant la Commission nationale des libérations conditionnelles, à Laval.

Il faudra manifestement tirer cette affaire au clair avant que le dossier de Guy Cloutier qui a purgé 15 mois de sa peine de 42 mois, pour agressions sexuelles sur deux mineures, puisse être examinée.

Quand la commissaire Constance Bennett a parlé du courriel, Guy Cloutier a dû sentir que le tapis venait de lui glisser sous les pieds à la vitesse de l'éclair. Courbé en deux, le sexagénaire s'est pris la tête dans les mains et a éclaté vivement en sanglot.

Le courriel en question transmis au bureau de la commission à Ottawa, vers 20h, mardi, a été transféré au bureau montréalais. Les commissaires en ont été informés quelques minutes à peine avant le début des audiences, peu après 9h.

M. Cloutier a donc été réaccompagné à sa cellule, au centre de détention à sécurité minimale de la Montée Saint-François.

En tout et partout, les quelque 25 journalistes et rares curieux autorisés à assister à l'audition de Guy Cloutier ne l'auront vu que quelques minutes, suffisamment toutefois pour constater que le détenu n'a pas tellement changé physiquement.

Vêtu de bleu, des pieds à la tête, jamais il n'a tourné la tête pour voir qui était dans la salle tout juste grande pour accueillir une quinzaine de personnes. Les autres suivaient l'audition dans une pièce adjacente, sur écran télé.

Sept minutes après le début de la séance, les commissaires avait ordonné un huis clos, une précaution permettant de discuter avec le détenu, en long et en large, de la séquence des agressions commises sur deux mineures, dont seule l'identité de Nathalie Simard est connue.

La commissaire n'avait pas le choix, du fait que le juge ayant présidé le procès de Guy Cloutier avait interdit que soit dévoilé l'identité de la deuxième victime, à la demande de cette dernière qui avait fait valoir que sa vie en serait irrémédiablement brisée.

Ce n'est qu'après la fin du huis clos que la commissaire a fait état du courriel et de la nécessité de vérifier le sérieux des affirmations qui y sont faites.

Guy Cloutier a donc été reconduit au centre de détention à sécurité minimale de la Montée Saint-François, pas très loin du Centre fédéral de formation où avait lieu l'audition.